Comment faire face à un mal-être au travail qui déborde dans la vie personnelle ? Quelles limites devrions nous considérer ? Qu’entendons nous par déséquilibre et comment le surmonter en mettant en place des stratégies appropriées ?
La question de l’avenir, notamment en ce qui concerne l’activité professionnelle, est complexe et multidimensionnelle. Elle fait son apparition très tôt dans la vie d’une personne. Par exemple, nous demandons souvent aux enfants : « Que veux-tu faire comme métier quand tu seras grand ? ». Dès l’adolescence, cette question devient de plus en plus prégnante et peut générer des pressions, des inquiétudes et des angoisses.
Demain, quelles sont mes perspectives ? Qu’adviendra-t-il dans ma vie ? La question de l’avenir, liée ou non au travail, suscite une grande préoccupation chez de nombreuses personnes, car l’incertitude quant à ce qui nous attend dans les heures, les mois et les années peut engendrer de l’anxiété.
En plus d’être une source de revenus et de stabilité matérielle, le travail peut également revêtir une importance psychologique majeure, contribuant à notre épanouissement personnel et à notre identité, tout en facilitant les liens sociaux.
Pour chacun, la vie professionnelle peut représenter un intérêt personnel. Cependant, il arrive parfois, à certains moments ou de manière récurrente, que l’enthousiasme et l’épanouissement initial s’estompent. Dans ces périodes de perte de sens ou d’épuisement professionnel, les limites individuelles se font ressentir.
Dans quelle mesure négligeons nous et ne prenons nous pas en considération cette limite critique, ou pire, ne l’entendons nous pas nous-mêmes ? Des raisons et des enjeux individuels peuvent expliquer pourquoi, de manière occasionnelle ou récurrente, nous ignorons les signaux de notre « voix intérieure » nous avertissant que nous approchons de nos limites.
Une limite personnelle mise sous silence ou passée inaperçue
Une fois adulte, la durée de travail équivaut à, en moyenne, 35 heures par semaine. Néanmoins, il est tout à fait légitime de se demander : combien de personnes restent connectées au travail à travers l’hyperconnexion (emails, appels, tâches à effectuer à domicile), ou dont l’esprit demeure immergé dans le monde professionnel (pensées et préoccupations continues) même après la journée officielle.
Cette réalité résonne peut-être avec la vôtre.
L’idéal de séparation nette entre vie professionnelle et vie personnelle, bien que souhaitable, est souvent difficile à atteindre, même si nous pensons y parvenir. Le psychisme ne fait pas de distinctions ni n’établit de frontières claires entre les contextes.
Lorsque nous traversons une crise professionnelle, cela peut avoir des répercussions, parfois insoupçonnées, passées inaperçues, sur notre vie personnelle et notre monde intérieur.
Qu’est-ce qu’une crise ? C’est le moment où notre façon de vivre n’est plus en accord avec nous-même (ses propres valeurs, pensées et émotions). Autrement dit, le quotidien professionnel ou personnel ne répond plus à notre moi actuel. Quelque chose vient perturber notre existence, devient insupportable soudainement, et nécessite un changement. La crise n’est pas uniquement négative ; elle peut aussi représenter une opportunité vers le changement et l’évolution.
Les termes qui peuvent être employés par certaines personnes dans un contexte de remise en question de soi et sa vie sont « je fais une crise existentielle », « je ne me reconnais pas ou plus », « je ne vois pas le bout du tunnel, de cette situation », « mon entourage me dit que j’ai changé », « je n’ai pas le temps », « je n’ai plus d’énergie pour me lever le matin, plus envie de faire quoi que ce soit ». Tous ces termes font écho à quelque chose qui s’anime à l’intérieur de soi, à une limite qui est en train d’être dépassée.
Le travail, tout comme d’autres aspects de la vie personnelle, peut parfois mener à une crise, souvent due à un décalage entre nos besoins et notre quotidien. Cette crise peut également être caractérisée par un sentiment de « passer à côté » de sa vie, de fatigue, d’ennui ou d’irritabilité. Dans certains cas, la sphère professionnelle peut prendre le dessus et perturber l’équilibre tant psychologique que physique, envahissant ainsi la vie personnelle.
Quand le travail envahit la vie personnelle, il s’agit avant tout d’une question déséquilibre et donc un équilibre qui reste à trouver chez chacun d’entre nous.
Comment détecter un déséquilibre entre vie personnelle et vie professionnelle
Le travail occupe une place importante dans la vie quotidienne, mais dans quelle mesure devrait-il le faire ?
L’activité professionnelle s’impose par moments, parfois au détriment de la santé mentale, des relations familiales et sociales. Elle peut venir mettre à l’épreuve l’équilibre émotionnel et psychologique. Lorsque la souffrance au travail déborde dans la sphère personnelle, des symptômes et des signes peuvent apparaitre durablement.
Plusieurs indicateurs d’un déséquilibre peuvent être rapidement identifiés :
- Les ruminations liées au travail sont des pensées et préoccupations persistantes
- Arrêt maladie à répétition ou apparition de l’envie de démissionner
- Débordements émotionnels et psychologiques : sensation d’être submergé, désorienté et incapable de savoir par où commencer ; anxiété, inquiétude, irritabilité, impatience ou encore intolérance émotionnelle. Incapacité à séparer mentalement le travail de la vie personnelle, même en rentrant chez soi ou en pratiquant un loisir.
- Les temps de pause ou de repos sont dédiés au travail
- Difficulté à trouver du temps pour soi et à avoir un repos réparateur
Les manifestations d’un déséquilibre peuvent revêtir différentes formes, mais leur caractéristique principale est leur persistance, limitant ainsi les choix de la personne et générant de la souffrance. Les signes énumérés ne sont pas exhaustifs, d’autres peuvent s’y ajouter.
La présence de symptômes et de signes peut indiquer un déséquilibre, parfois lié à une souffrance professionnelle, susceptible également de se répercuter dans la vie personnelle.
Le burnout est souvent considéré comme une conséquence du déséquilibre répété dans le temps entre l’individu et le monde professionnel, pouvant avoir des répercussions significatives sur la vie personnelle. Il se manifeste lorsque les exigences du travail dépassent les ressources disponibles de l’individu pour y faire face, entraînant un épuisement physique, émotionnel et mental.
Pour prévenir ou surmonter le burnout, il est essentiel de rétablir l’équilibre entre le monde du travail et les ressources personnelles, en identifiant et en gérant efficacement les facteurs de stress au travail, en établissant des limites claires et en prenant soin de son bien-être physique et émotionnel.
Définir et identifier son propre équilibre entre la vie professionnelle et personnelle
À la question : « comment allez-vous ? », « que faites vous dans votre quotidien ? », la première réponse est souvent en lien avec le travail. Étant donnée la place importante que l’activité professionnelle occupe dans nos vies, il revient à chacun de penser le rapport qu’il entretient avec elle.
Quelle place occupe le travail dans votre vie actuelle ? Dans votre vie, telle que vous souhaitez la mener ?
Ce qu’on nomme « équilibre » renvoie à la santé psychique, physique et sociale. En tant qu’individu, il est essentiel de comprendre qu’il n’est pas possible d’investir simultanément tous les domaines de notre vie ; chaque chose a son moment approprié. Dans notre vie psychique, il existe une dynamique de continuité et de discontinuité. Par exemple, lorsque nous nous abandonnons au sommeil, notre identité reste identique à celle de la veille. Ainsi, il est tout à fait envisageable de se désengager, de se détacher consciemment d’une activité mentale ou physique pour la reprendre plus tard.
La capacité à se déconnecter psychologiquement des préoccupations et des contraintes professionnelles,en dehors des heures de travail, offre une réduction de la fatigue, un renforcement des émotions positives, un bien-être général, de relations plus harmonieuses en dehors du travail et d’une diminution des conflits entre les exigences professionnelles et familiales.
Le bien-être et la notion d’équilibre varient d’une personne à l’autre, chacune cherchant et maintenant un équilibre conforme à ses propres normes. Lorsque l’équilibre des interactions entre soi et soi, soi et les autres, soi et le monde génère des symptômes préoccupants, chaque apparition de ceux-ci met à l’épreuve le système de bien-être. Les mécanismes de régulation habituellement efficaces perdent de leur efficacité, comme le démontre la récurrence persistante des symptômes.
Les ruminations représentent l’inverse du détachement psychologique. Les ruminations maintiennent un lien avec l’activité professionnelle et viennent, sans s’y attendre, faire irruption dans la vie personnelle, témoignant ainsi que l’équilibre psychique commence à se rompre.
Équilibre vie professionnelle et personnelle : Des stratégies pour une harmonie au quotidien
- Définir des limites claires entre le travail et la vie personnelle : en instaurant des heures dédiées à chaque domaine, tout en acceptant que le contrôle constant est difficilement réalisable.
- Cultiver la régulation émotionnelle et le détachement : en débutant par l’acceptation des émotions. Résister à celles-ci les renforce, tandis que leur acceptation favorise le détachement, comme le soulignait Carl Jung : « Tout ce à quoi l’on résiste persiste et tout ce que l’on embrasse s’efface ». En apprenant à réguler les émotions, la perception des situations stressantes ou difficiles évolue progressivement.
- Améliorer la capacité à dire non : en reconnaissant ses limites, en n’acceptant pas systématiquement toutes les demandes, en évaluant l’impact de chacune d’elles sur le bien-être psychologique.
- Inclure dans la semaine du temps pour soi : en identifiant des activités agréables qui aident à se détacher psychologiquement des situations difficiles et stressantes ; des activités qui favorisent la pleine conscience et le moment présent. Cela peut inclure des pratiques telles que la méditation, la relaxation, ou d’autres activités qui permettent de se recentrer sur l’instant présent et de réduire le stress.
- Prioriser les tâches importantes et déléguer quand cela est nécessaire pour l’équilibre psychologique, lorsque cela est possible.
- Avoir des objectifs professionnels et personnels accessibles : en les décomposant et en listant par étapes successives le chemin à parcourir. « Le succès est la somme de petits efforts, répétés jour après jour » (Leo Robert Collier).
